Bon, puisque tous les médias jouent à compter les morts liées au COVID-19 dans différents pays pour dire où-ce que c’est le pire, on va jouer aussi. Et puis on va en profiter pour continuer d’essayer de comprendre deux-trois trucs sur les graphiques et compagnie.

 

Attention toutefois, cette article a été rédigé le 08 Avril, les données correspondent à ce moment là.

 

Avant tout, pourquoi va-t-on regarder plutôt les morts que les « cas »?

Le nombre de cas est très variable selon les pays: en Corée, des tests ont été fait massivement, alors qu’en France, ils ne sont réservé quasiment qu’aux personnes hospitalisées. Si demain, on diagnostiquait très largement seulement en France, on aurait une explosion des courbes, la France passerait probablement devant tout le monde en terme de nombre de personnes contaminées, alors que l’épidémie n’aurait pas progressé en ces termes. Comme les politiques en matière de tests ne sont pas homogène à travers le monde, il est périlleux d’utiliser le nombre de cas diagnostiqués pour comparer ce qui se passe sur différents territoires.

 

Du coup, on va plutôt recenser les mort.es. D’emblée, notons une limite: nous ne savons pas précisément comment les décès sont comptabilisés. En France, on compte les décès dans les hopitaux et depuis peu les EPHAD. Mais qu’en est-il en Iran? En Corée du Sud et aux Etats-Unis d’Amérique? En Italie et en Angola? Bref, si tout le monde compte pas la même chose, déjà, on galère.

 

Ensuite, se pose la question de savoir quels pays regarder? On pourrait en mettre 192, mais le graphique serait relativement illisible… Du coup, faut faire un choix, qui nécessairement sera critiquable. Ce qu’on a tenté de faire:

    1- mettre les pays où le virus bastonne grave (au radar: Italie, Espagne, USA, France, R-U…?)

    2- mettre les pays où l’épidémie s’est déclenchée en premier (Corée du Sud, Iran. Pas la Chine, on explique après pourquoi)

    3- mettre les pays que certain.es prennent en modèle ( Corée déjà là, Allemagne)

    4- Mettre au moins un pays de chaque continent, donc on a rajouté l’Australie, l’Egypte, le Brésil.

    5- Et on a rajouté la Belgique et les Pays-Bas. Pourquoi? Lis jusqu’au bout et tu sauras!

 

    On a choisi de ne pas mettre la Chine, parce qu’étant à son 75ème jour d’épidémie, elle aurait déformé le graphique, rendant peu lisible les courbes des autres pays.

 

Nombre de mort.es liées au COVID19 au 08/04 dans 13 pays

Comment on lit ce machin?

En abscisse (axe horizontal) on trouve, les jours depuis le/la 10ème mort.e, pour chaque pays. En ordonnée (vertical), on trouve le nombre de personnes mortes. Comme tous les pays n’ont pas eu leur 10ème mort.e en même temps, les courbes ne sont pas rendus toutes aussi loin.

Trois façon de lire le graphique:

    – on prends un jour, et on remonte verticalement pour comparer où en sont les pays ce jour là.

    – On prends un nombre de mort, et on regarde à quel jour les pays ont atteint ce nombre de mort.es

    – On regarde globalement la trajectoire des courbes.

 

A quoi faut-il s’attendre si l’épidémie ralentit dans un pays? La courbe sera moins pentue, voire plate, mais elle ne redescendra jamais. On n’sait pas ressusciter les mort.es, ça peut paraître évident, mais ça va mieux en le disant!

 

Dès lors, on peut se dire:  houlala, ça va pas fort. Et notamment:

    – La courbe de l’Espagne est « en avance » sur celle de l’Italie: il y’a donc eu plus de mort.es plus tôt dans l’épidémie.

    – Les USA sont en train de griller tout le monde,

    – La courbe de la France est passée au dessus de celle de l’Italie, il y a donc plus de mort.es plus tôt dans l’épidémie

    – Le Royaume Uni, ça a pas l’air d’être trop la fête non plus.

    – La Belgique et les Pays Bas, ça l’air plutôt pas pire, on voit à peine leur courbe. Mais est-ce bien sûr?

 

Et si on jetait un œil à CE graphique ci?

Ratio « mort.es du covid19/population totale » dans 13 pays

 

 

    Qu’est-ce que c’est que ce merdier?

 En abscisse, toujours les jours, J1 étant toujours à partir du 10 ème décès.

 En ordonnée, par contre ça change: c’est le ratio morts/population, c’est à dire le nombre de décès rapporté à la population du pays. L’idée, c’est qu’on regarde l’impact que l’épidémie a sur un territoire, or, si on a 1000 décès sur ce territoire et qu’on y est 10 millions (10 000 000), ça n’a pas le même impact que si on y est 1000.  Dans un cas, on a 0,01% de la population qui est morte, dans l’autre, 100%! Bon par contre, quand on lis le graphique il ne faut pas forcément chercher à donner un sens à ces valeurs affichées en ordonnée. C’est un ratio, quoi.

 

Alors, maintenant, qu’est-ce qu’on peut en dire?

– Que la situation des USA est moins pire vu comme ça. En effet, les USA sont plus peuplés que la majorité des pays observés, 12 000 mortes sur 327 Millions, ça « impacte » moins que 12 000 mortes sur 40 millions pour l’Espagne, par exemple. Même si ça peut paraître cynique ou froid de dire ça…

– La courbe de la France n’est pas encore , vu comme ça, au dessus de celle de l’Italie, mais sur la même trajectoire.

– La Belgique et les Pays-Bas sont sur des trajectoires pas sympa du tout! Alors que ces pays paraissaient épargnés par l’épidémie au vu de la courbe précédente… Leur population est respectivement 11 millions et 17 millions, et leur nombre de décès liés au COVID est de 2035 et 2101. Si c’est « pas tant que ça » en valeur absolu, une fois rapporté à la population « ça pèse dans le game », comme on dit (ou pas).

 

Voilà pourquoi on a voulu les faire figurer dans le graphique: pour rendre visible le fait que le nombre de décès ne suffit pas à rendre compte de l’impact de l’épidémie sur un territoire. Il est plus juste (au sens de la justesse) de le rapporter à la population totale.

 

On notera que cet indicateur ne dit pas tout de l’épidémie! C’est pas idiot de regarder aussi le nombre de personnes hospitalisés, le taux de saturation des services de réanimations, et que ce sont d’autres indicateurs de l’ampleur de l’épidémie sur chaque territoire.

 

Ressources: