Journal du 9 au 11 mars 2020

La semaine dernière, nous organisions aux CEMÉA Pays de la Loire une semaine AGIR.
Une semaine de pratique d’activité proposée aux permanent-es, aux militant-es. Une semaine pour se former, échanger et participer à l’animation du mouvement.
Dès le lundi matin, dans le jardin du 102, dans l’espace aménagé en lieu permanent d’activités, dans les bureaux, les discussions étaient principalement centrées sur le coronavirus.

Je dois avouer qu’au début de l’épidémie, j’étais assez dubitative sur l’état d’urgence sanitaire prononcé par l’OMS le 30 janvier et disais alors « Pourquoi tout ce tapage médiatique pour une simple grippe ? Chaque année 8 à 10 000 personnes en France, 300 000 à 600 000 personnes dans le monde meurent de ce virus et personne n’en parle. Je sais ce qu’il en est, j’ai été infirmière pendant de nombreuses années et personne n’a jamais trop fait cas des personnes que nous accompagnions jusqu’à la mort à la suite d’une grosse grippe. ».

… Et puis j’ai lu et écouté les statistiques des épistémologues : « 50 à 80 % de la population sera contaminée si aucune mesure n’est prise et environ 2 % des personnes contaminées en mourront. »
Bien sûr, ça dépend comment les cas sont comptabilisés et ça dépend aussi des organisations et politiques de santé, mais, sur 7,7 milliards d’être humain, ça fait tout de même vraiment beaucoup.

… J’ai aussi lu des témoignages de soignant-es, d’habitant-es et leurs récits m’ont bouleversée et m’ont convaincue. Mon point de vue s’est donc modifié.

Alors en ce début de semaine, je ne me sentais pas sereine. Jour après jour, je sentais l’étau se resserrer. Les nouvelles tombaient une à une.
10 mars : Mesure de confinement de la population Italienne. La Chine avait déjà pris ces mesures en janvier.
11 mars : Déclaration par l’OMS du niveau pandémique de la maladie.
12 mars : Krach boursier
Et toute la semaine, des fermetures de frontières.

Les gens autours de moi s’inquiétaient aussi pour eux/elles et pour leurs proches âgées ou fragiles. Et collectivement, nous nous inquiétions pour la continuité des formations proposées par les CEMÉA.
Au fur et à mesure de la semaine, nos gestes se sont modifiés. On toussait dans nos coudes, on se lavait les mains comme jamais, on essayait du mieux qu’on pouvait de se distancier d’un mètre pour parler.

En plus d’un endroit pour se former, la pratique d’activité est dans ce contexte devenu un endroit pour s’échapper. Parce que créer permet de focaliser son attention, de se projeter, de s’inventer, de se distraire, de s’évader. Seul-e ou à plusieurs, nous cousions, brodions, réparions des vélos, fabriquions des objets en bois, sérigraphions… Et ça faisait un bien incroyable.